Intervention PANJO

Mis à jour le 7 décembre 2022

L'intervention PANJO : prévention précoce, données probantes et services de PMI

La qualité de la relation qui s'établit entre le parent et son nouveau-né est déterminante pour le développement et la santé à venir de celui-ci. Or, les conditions de vie dans lesquelles les parents accueillent leurs bébés varient et n'offrent pas les mêmes chances à tous. C'est pourquoi Santé publique France a élaboré et expérimenté  l'intervention de prévention précoce PANJO. Elle est proposée aux futurs parents vivant dans un contexte psychosocial défavorable pour favoriser le développement de liens d’attachement sécures. 

Le lien d’attachement

Le besoin de sécurité affective du tout-petit est un besoin fondamental, au même titre que se nourrir ou dormir. La qualité des liens d’attachement du bébé envers son parent va impacter sur son développement psycho-affectif à court et long terme. Le lien d’attachement se construit au fil des interactions quotidiennes entre un donneur de soins et le bébé, notamment lorsque l’enfant se retrouve en situation de détresse et qu’il se tourne vers l’adulte pour retrouver un sentiment de sécurité. L’établissement de liens d’attachement sécurisant bébé-parent favorise chez l’enfant son autonomie, sa flexibilité, sa confiance en soi et en l’autre, et contribue donc à son développement global.

La stratégie de PANJO repose sur le soutien des parents de la grossesse aux 12 mois de l’enfant. Les sages-femmes et les infirmières puéricultrices de PMI réalisent 6 (minimum) à 12 visites au domicile des futurs et jeunes parents. La particularité des visites à domicile PANJO réside dans le fait de consacrer systématiquement un temps long d’observation du bébé et d’activité parent-bébé qui aide au développement de liens d’attachement sécurisants. Il s’agit pour la professionnelle de soutenir le parent dans le développement de sa sensibilité, sa proximité, son engagement et sa capacité à susciter la réciprocité avec son enfant. Ces interventions sont menées uniquement par des intervenants de PMI bénéficiant d’une formation PANJO, d’outils d'intervention PANJO et de supervisions.

2014 - 2015 : Panjo 1, création de l'intervention

La première phase de PANJO mise en œuvre par l'Inpes (Institut National de Prévention et d'Education pour la Santé devenu Santé publique France en mai 2016) a eu pour objectif de créer et tester l'acceptabilité de l’intervention PANJO auprès des professionnels des services de PMI et des familles bénéficiaires de trois départements. Cette première étape a permis de confirmer la très bonne acceptation du dispositif par les professionnels et les familles et d'optimiser celui-ci. .

2016 - 2019 : Panjo 2, les évaluations d’efficacité et d’implantation

La deuxième phase a permis  d’évaluer la pertinence des stratégies d’implantation de cette intervention innovante et d’en mesurer son efficacité. Pour ce faire, Santé publique France a signé une convention de recherche et développement avec l'Agence des Nouvelles Interventions Sociales et de Santé (l'ANISS).

Méthode

L’étude d’efficacité de Panjo 2 a porté sur 330 femmes enceintes de leur premier enfant exprimant un sentiment de solitude pendant la grossesse. Les 159 femmes accompagnées suivant la méthode PANJO constituent cohorte exposée. La cohorte contrôle est constituée de 171 femmes bénéficiant des soins courants disponibles en France pendant la période périnatale. Les participantes étaient interviewées une fois en fin de grossesse au moment de leur recrutement, une fois aux six mois de l’enfant et une dernière fois aux douze mois. 

Les données recueillies doivent permettre de mesurer l’efficacité des visites à domicile PANJO, en matière de promotion du sentiment d’efficacité parentale (critère principal), de diminution des comportements parentaux coercitifs, de promotion des comportements protecteurs de santé, et d’amélioration de l’usage à bon escient des services médico-sociaux. Ces critères d’efficacité à court terme sont en effet des éléments prédictifs de l’efficacité de l’intervention à plus long terme sur le développement physique, cognitif et psychoaffectif de l’enfant.

Partenaires

Santé publique France et l'ANISS ont pu compter sur l'engagement d’une vingtaine d’équipe de PMI réparties sur onze départements pour expérimenter l’intervention avec les familles de la cohorte exposée. Huit maternités ont permis de recruter les familles de la cohorte contrôle. D'autres partenaires se sont joints au projet. C'est ainsi que nous avons pu compter sur l'Université du Québec à Montréal pour le soutien scientifique, les services de pédopsychiatrie pour assurer les supervisions des intervenantes, la fédération des réseaux de périnatalité et certaines Agences Régionales de Santé pour soutenir l'implantation locale de l'étude. 

Résultats

Les évaluations quantitatives et qualitatives d’implantation mettent en évidence la pertinence du dispositif de soutien des pratiques professionnelles, et font ressortir certains défis à relever pour que l’intervention puisse être pérennisée après la période expérimentale. 

Les résultats de l’évaluation d’efficacité montrent que l'intervention Panjo dispose à six mois de l’enfant, pour certains groupes de femmes plus fragiles, d’effets favorables sur les interactions parents-bébé : moins de réactions hostiles envers le bébé, moins d’interactions dysfonctionnelles.  Il y a également des effets positifs constatés quant à l’accès aux services de soins et de prévention : moins de passage aux urgences pour les bébés, moins de renoncement aux soins pour les mères, et une plus grande satisfaction quant au soutien reçu des PMI. Cependant, il n’a pas été constaté d’effet sur le sentiment de compétences parentales, critère principal de jugement de l’étude. 

Une première présentation des résultats a été réalisée au Congrès de la Société Française de Santé Publique d’octobre 2021. Elle est accessible ici.

2020-2023 : PANJO 3, le test de déploiement

Le troisième volet du projet a pour objectif de trouver des modalités de partenariats département-ARS-Santé publique France permettant de déployer à grande échelle et de façon durable, une intervention PANJO optimisée. 

Ce sont des services de PMI qui n’avaient jamais mis en place PANJO qui se sont lancés dans ce test. A ce jour, les départements engagés dans PANJO 3 sont la Réunion, l’Eure, les Côtes d’Armor, le Morbihan, l’Ille-et-Vilaine, la Haute-Garonne, le Val-de-Marne et les Charentes Maritimes. Les visites PANJO ont débuté dans les 5 premiers départements. Les autres viennent de lancer le processus d’implantation. 

Au-delà des départements engagés, PANJO 3 s’appuie sur des partenariats et des engagements forts de l’ARS Bretagne, de l’ARS Aquitaine, le CNFPT 974, l’Institut de la Parentalité, les équipes expérimentées des PMI du Finistère et de la Métropole de Lyon.

Les enseignements de ce test de déploiement permettront de définir les lignes directrices d’une stratégie de déploiement pour le reste de la France.

Références