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Santé publique France
Contraception d’urgence : jusqu’à cinq jours pour éviter une grossesse non désirée
19-06-2012
Oubli de pilule, accident de préservatif, absence de contraception… En 2010, chez les femmes âgées de 18 à 24 ans, la dernière grossesse n’était pas planifiée dans 48% des cas1,2. Le recours insuffisant à la contraception d’urgence est l’une des raisons qui peut expliquer ces chiffres. Trop de femmes de tout âge méconnaissent en effet les délais des différentes méthodes existantes, les modes d’utilisation, les possibilités d’accès, etc.
Face à cette situation, le Ministère des Affaires sociales et de la Santé et l'Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) lancent la première campagne de communication sur la contraception d’urgence. Trois spots radio, diffusés à partir du 22 juin, ont pour objectif d’informer les femmes – en particulier les 18-24 ans – qu’en cas de doute, elles ont jusqu’à cinq jours pour agir.
La contraception d’urgence, méconnue des Françaises
En France, comme le démontrent les résultats du Baromètre Santé Inpes 2005, le niveau d’information sur les modes de contraception d'urgence et les délais réels d’efficacité s’avère encore insuffisant. Ainsi, près de 40 % des Français déclarent ne pas connaître le délai d’efficacité de la contraception d’urgence. Parmi ceux qui pensent le connaître, 90 % citent un délai erroné. Et 63 % pensent qu’il faut y avoir recours dans les 24 heures qui suivent le rapport non ou mal protégé : une fausse croyance probablement liée à l’expression couramment employée de « pilule du lendemain ». Or, ce terme est inapproprié, les femmes disposent en réalité jusqu’à 120 heures selon la méthode utilisée :
- Jusqu’à 3 jours après le rapport non protégé : les femmes peuvent obtenir directement sans ordonnance un moyen de contraception d’urgence (gratuit et anonyme pour les mineures).
- Entre 3 et 5 jours après le rapport non protégé : les femmes peuvent se procurer, uniquement sur prescription médicale, une pilule contraceptive d’urgence.
C’est pourquoi on parle de « contraception d’urgence » et non pas de pilule du lendemain. Toutefois, plus on y a recours rapidement, plus l’efficacité de cette méthode de rattrapage, bien utilisée, est importante.
Une campagne de sensibilisation pour rappeler que, en cas de doute, des solutions existent
Cette première campagne du Ministère des Affaires sociales et de la Santé et de l’Inpes sur la contraception d’urgence a pour objectif d’informer les femmes qu’en cas de doute, elles ont jusqu’à cinq jours pour agir. Elle s’adresse en priorité aux femmes de 18 à 24 ans, une cible particulièrement concernée par les grossesses non désirées. Dans cette tranche d’âge, près d’une grossesse sur deux n’était pas désirée lorsqu’elle est survenue (24% des grossesses non désirées au moment de la grossesse, 24% non désirées même plus tard)1,2. Par ailleurs, chaque année en France métropolitaine, 1/3 des IVG pratiquées est réalisé chez les femmes de cette tranche d’âge3.
Les femmes sexuellement actives de cette tranche d’âge ont, par ailleurs, très peu recours à la contraception d’urgence : seulement 12,5 % d’entre elles l’ont utilisée dans les 12 mois écoulés.2
La campagne, sous forme de spots radios et de bannières web, met en scène trois situations pouvant mener à une grossesse non désirée : oubli de pilule, accident de préservatif et absence de contraception.
Elle nous fait vivre le dialogue intérieur de trois jeunes femmes confrontées au risque de grossesse non désirée: « Bon, le préservatif a craqué hier soir. Mais y’en a qui essayent pendant des années… » ; « J’ai oublié ma pilule hier…Ca fait 3 ans que je la prends tous les jours, je vais pas tomber enceinte direct ?».
Adoptant un registre humoristique et empathique, la campagne traduit l'effort des femmes pour se convaincre elles-mêmes que le risque n'est pas réel.
Chaque femme peut être confrontée au risque d’une grossesse non désirée. Dans le doute, elles sont souvent partagées entre le déni et la réalité. Aujourd’hui, les femmes peuvent éviter la décision du hasard, en s’adressant à un professionnel de santé dans un délai maximum de cinq jours.
Le message essentiel de la campagne est qu’en cas de doute, il est possible de bénéficier d’une contraception d’urgence jusqu’à 5 jours après le rapport sexuel.
L’ensemble des supports grand public de la campagne renvoie vers le site de référence sur la contraception : www.choisirsacontraception.fr
Ce site, créé par l’Inpes, permet de bénéficier d’informations, d’outils et de conseils sur les différentes méthodes de contraception régulières et d’urgence. On y retrouve notamment la fiche « Que faire en cas d’oubli de pilule ? », les questions les plus fréquentes sur la thématique, des témoignages.
La contraception d’urgence en pratique
Rupture du préservatif, oubli de pilule, ou encore décollement de patch, la contraception d’urgence permet de faire face à une situation à risque pour éviter une grossesse non désirée. Elle ne constitue donc pas une méthode de contraception régulière. Il s’agit au contraire d’une méthode de rattrapage qui, bien utilisée, représente une solution efficace pour faire face à un risque ponctuel de grossesse. Il en existe deux types : la contraception d’urgence hormonale et le DIU au cuivre (Dispositif Intra-Utérin, autrement appelé stérilet).
I - La contraception d’urgence hormonale
Elle se présente sous la forme d’un comprimé à prendre le plus tôt possible. Plus elle est prise rapidement, plus elle est efficace. Deux méthodes de contraception hormonales existent :
- La contraception d’urgence au lévonorgestrel doit être prise au plus tard dans les 72 heures (3 jours) après le rapport sexuel non ou mal protégé. Elle est délivrée de manière anonyme et gratuite aux mineures dans les pharmacies (avec ou sans ordonnance), les infirmeries scolaires et les centres de planification et d’éducation familiale (CPEF).
- La contraception d’urgence à l’ulipristal-acétate doit être prise au plus tard dans les 120 heures (5 jours) après le rapport sexuel non ou mal protégé. Elle est délivrée en pharmacie, uniquement sur ordonnance.
II - La contraception d’urgence non hormonale
Un DIU au cuivre peut également être utilisé comme contraception d’urgence dans un délai de 120 heures maximum (5 jours) après le rapport à risque. Cette méthode a pour avantage de constituer également une contraception régulière fiable et peu contraignante. Afin de se faire poser un DIU au cuivre, il faut au préalable consulter un médecin généraliste, un gynécologue ou une sage-femme. Il peut être nécessaire de vérifier lors de la prise de rendez-vous que le professionnel pratique la pose de DIU en précisant qu'il s'agit d'une urgence.
Rappel : efficaces pour lutter contre les grossesses non désirées, ces méthodes de contraception d’urgence ne protègent pas contre les infections sexuellement transmissibles (IST).
1 - sur un total de 82 jeunes femmes enceintes ou ayant été enceintes au cours des 5 dernières années.
2 - Beck F., Gautier A., Guignard R., Richard J.-B. (dir.) Baromètre santé 2010, Attitudes et comportements de santé, INPES, St Denis, à paraître,
3 - Vilain, A., « Les interruptions volontaires de grossesse en 2008 et 2009 », DRESS, Etudes et résultats n° 765, 2008.