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Alimentation et activité physique : quelles actions menées chez les jeunes et quelles pistes d’amélioration ?
05-01-2018
Dans le cadre du Plan Cancer 2014-2019, Santé publique France a piloté l’action 11.6 visant à développer l’éducation sur l’alimentation et l’activité physique dès la maternelle et le primaire notamment pendant le temps périscolaire. Afin de répondre à cet objectif, un groupe de travail associant partenaires institutionnels et acteurs locaux s’est réuni. Les réflexions de ce groupe ont amené Santé publique France à réaliser un recensement des actions menées sur le territoire dans les domaines de l’alimentation et de l’activité physique en direction des jeunes, ainsi qu’une revue de la littérature internationale afin d’identifier les critères d’efficacité des actions menées dans ce champ et ainsi d’établir des propositions pour améliorer l’efficacité des actions mises en œuvre sur le terrain. Ce travail a fait l’objet d’un rapport publié le 28 décembre 2017.
Situation en France
Si les résultats de l’étude Esteban sont encourageants puisqu’ils indiquent une stabilisation de la prévalence du surpoids et de l’obésité chez les jeunes de 6 à 17 ans entre 2006 et 2015, les inégalités sociales persistent. La prévalence du surpoids (obésité incluse) reste en effet supérieure chez les enfants dont les personnes de référence du ménage sont les moins diplômées.
Par ailleurs, l’étude Esteban a mis en évidence des niveaux d’activité physique encore faibles et une sédentarité élevée chez les enfants en 2015, ainsi qu’une dégradation quasi-générale de ces indicateurs au cours des 10 dernières années. Seulement 28 % des garçons et 18 % des filles atteignaient les recommandations de l’OMS en matière d’activité physique en 2015 et aucune évolution significative de cet indicateur n’a été observée depuis 2006. Au cours de cette même période, le niveau d’activité physique a diminué chez les jeunes, sauf chez les 15-17 ans pour lesquels il a augmenté. En parallèle, le temps passé devant un écran a considérablement augmenté. Ainsi, la proportion de jeunes déclarant passer 3 heures ou plus devant un écran chaque jour atteignait 45% chez les 6-10 ans, 70 % chez les 11-14 ans, 71 % chez les filles et 87 % chez les garçons de 15-17 ans.
Ces résultats soulignent l’importance d’améliorer l’alimentation et l’activité physique des enfants et des adolescents. C’est en ce sens que l’action 11.6 du Plan Cancer a été formulée.
Un autre objectif de cette action était de tirer profit du temps dégagé par l’instauration des nouveaux rythmes scolaires fixant la semaine à 4,5 jours d’enseignement pour mener des actions de prévention. Toutefois, en 2017, cette loi a été rendue plus flexible en permettant aux acteurs locaux de choisir comment ils souhaitaient s’organiser au sein de leur commune (semaine de 4 jours ou 4,5 jours).
Objectifs et méthodologie de l’étude
Pour répondre à l’objectif de l’action 11.6 visant à « développer l’éducation sur l’alimentation et l’activité physique dès la maternelle et le primaire notamment pendant le temps périscolaire », Santé publique France a constitué un groupe de travail associant partenaires institutionnels et acteurs locaux.
Suite aux réflexions menées au sein de ce groupe, il a été décidé de :
- Mener une revue de la littérature sur les interventions efficaces dans les domaines de l’alimentation et de l’activité physique à visée des enfants et des adolescents ;
- Recenser et décrire les actions réalisées sur le territoire en 2013-2014 et repérer des actions prometteuses via la base de données OSCARS (Outil d’Observation et de Suivi Cartographique des Actions Régionales de Santé), celle de la Mutualité Française et d’un questionnaire en ligne adressé aux ARS n’ayant pas souscrit à OSCARS.
- Comparer ces données à celles de la littérature afin d’établir des propositions pour la mise en œuvre d’interventions prometteuses dans les domaines de la prévention et de la promotion de l’alimentation et de l’activité physique.
Afin d’illustrer ces résultats par des exemples concrets, des entretiens téléphonique ont été conduits avec les porteurs des actions identifiées comme prometteuses. Les résumés de ces entretiens ont été intégrés dans le rapport. Ils fournissent notamment des éléments plus précis sur les facteurs de succès et les difficultés rencontrées pour la mise en œuvre de ces actions.
Principaux résultats
L’analyse de la littérature a révélé que les interventions efficaces/prometteuses incluent généralement :
- Intervention dans les écoles
- Implication des parents
- Actions qui combinent alimentation et activité physique
- Actions intégrées dans le programme d’enseignement
- Action sur l’environnement
- Durée de l’intervention relativement longue
Au total, 887 actions menées entre 2013 et 2014 ont été recensées par le biais des bases de données. L’analyse de ces actions a révélé que la majorité (96 %) agissait sur des déterminants individuels, 28 % sur des déterminants interpersonnels et 10 % sur des déterminants environnementaux. Près de la moitié (46 %) agissait à la fois sur l’alimentation et l’activité physique et 21 % impliquaient les parents. Concernant leur déroulement, 68 % étaient mises en œuvre dans le milieu scolaire et 34 % duraient un an ou plus.
La confrontation de ces résultats aux critères d’efficacité identifiés dans la littérature suggère la nécessité d’encourager les actions portant sur l’environnement et impliquant les parents.
> Consulter le Rapport "Recensement et propositions pour le développement d'interventions efficaces sur l'alimentation et l'activité physique en direction des jeune"
Perspectives
Cette analyse a mis en évidence qu’il existe une grande diversité et variabilité des actions développées et que leur impact est rarement évalué. Afin d’encourager la mise en place d’actions prometteuses et efficaces, il semble pertinent de s’appuyer sur les actions ayant déjà fait preuve de leurs effets, en facilitant leur déploiement.
Santé publique France travaille actuellement à la création d’un registre national qui compilera les actions prometteuses/efficaces pour agir sur différents déterminants. Pour chacune de ces actions seront fournies les informations nécessaires aux acteurs des terrains pour les mettre en œuvre. Pour les nouvelles actions, l’évaluation doit continuer à être promue et être considérée comme un indicateur prioritaire pour le financement des actions de terrain.